- CHACONNE
- CHACONNECHACONNEEn Espagne au XVIe siècle, danse populaire à trois temps très animée; elle s’accompagne avec des castagnettes et revêt alors un certain caractère érotique. On la dit originaire du Mexique, mais il semble que ce soit au Portugal qu’apparaissent, dans le genre ostinato , le passo forçado et les danses dérivées: la folia , le vil ao et la chacota qui précèdent la chacona espagnole. À l’époque baroque, c’est une danse de cour à 3/4, à tempo lent, avec variations contrapuntiques sur un ostinato de quatre ou huit mesures, en une phrase complète mélodico-harmonique (anacrouse-apex-désinence). La basse contrainte dans la chaconne instrumentale apparaît en Italie avec Frescobaldi, B. Pasquini, F. Mannelli et T. Merula. On peut en rapprocher le ground des Anglais. Elle est composée pour elle-même ou s’intègre dans une suite ou une partita. Elle figure dans les ballets de Louis XIII, les opéras de Lully. Vocale (chez Monteverdi, Purcell) ou instrumentale (Couperin, Pachelbel, Élisabeth Jacquet de La Guerre, Muffat, Corelli), elle connaît une grande vogue. Sa structure permit aux génies de la variation de s’épanouir: de Buxtehude (chaconnes majestueuses pour orgue) à Krenek et Busoni, en passant par Bach (chaconne pour violon), Rameau (Dardanus ), Beethoven (Variations en ut mineur), Brahms (IVe Symphonie ). On la rapproche de la passacaille avec laquelle elle se confond parfois.• 1674, 1619; esp. chacona1 ♦ (XVIIe-XVIIIe) Danse lente à trois temps.2 ♦ Pièce instrumentale dérivant de la chaconne, formée de variations sur un motif répété à la basse (⇒aussi passacaille). Chaconne pour violon de J.-S. Bach.⇒CHACONNE, subst. fém.A.— Ancienne danse en vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles, assez longue, à trois temps, au rythme lent et bien marqué, et qui servait de finale aux opéras et ballets. La chaconne et la sarabande. Ton pied dessine une chaconne (E. ROSTAND, Chantecler, 1910, I, 4, p. 51).— Air sur lequel se danse la chaconne. Une chaconne chantante.B.— P. ext., MUS. Pièce vocale ou instrumentale inspirée de cette danse, consistant en variations sur un thème de quatre mesures répété à la basse. Chaconnes et passacailles pour orgue. Jean Sébastien règle son prélude sur un thème obstiné de chaconne [choral : In dir ist Freude] (A. PIRRO, Jean-Sébastien Bach, 1919, p. 212).Prononc. et Orth. :[
]. La majorité des dict. dont Ac. 1694-1932 écrit chaconne. Cependant FÉR. Crit. 1787 enregistre chacone; Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e, ROB. et QUILLET 1965 admettent chaconne ou chacone. Étymol. et Hist. 1653 chacone « sorte de danse espagnole » (Les œuvres de dom Francisco de Quevedo Villegas, trad. par Alazeret, p. 7 ds BOULAN, p. 66); 1674 chaconne « air sur lequel on danse la chaconne » (HAUTEROCHE, Crispin musicien, acte 1, scène 9 ds BRUNOT t. 4, p. 464). Empr. à l'esp. chacona « id. » (dep. 1592 d'apr. Breve COR.), dér. de l'onomatopée [
] à cause du bruit des castagnettes accompagnant cette danse (v. COR., s.v. chacota et FEW t. 13, 2, p. 358). Bbg. BOULAN 1934, p. 66.
ÉTYM. 1653; esp. chacona, onomat. [tʃak], bruit des castagnettes.❖♦ Musique.1 Danse des XVIIe et XVIIIe siècles, à trois temps, souvent exécutée en finale d'un ballet.0 Que font des menuets et des chaconnes dans une tragédie ?2 Pièce instrumentale dérivant de la chaconne chantée et formée de variations sur un court motif répété à la basse. || Les chaconnes pour clavier de J.-S. Bach. || La passacaille est très voisine de la chaconne.
Encyclopédie Universelle. 2012.